Après 33h depuis le début de sa latence, dans les vagues émotionnelles que le passage de la vie à travers soi amène, dans la puissance de l’amour et le support du masculin protecteur, une femme a donné naissance.La naissance d’un nouvel être humain sur Terre, d’une famille, d’une mère et d’un père, la naissance d’eux-mêmes.
Des larmes de joie d’une profondeur indescriptible tant elles touchent l’âme. L’intuition m’avait fait prendre toutes mes affaires ce matin-là, alors que je partais à une activité pour la journée. Il a fallu tout lâcher soudainement, me mettre rapidement dans cet espace de doula pour rejoindre l’espace de la naissance afin d’accompagner leur expérience, leur histoire. Après de longues heures au milieu de la nuit, tenter de se reposer quelques minutes sur le petit matelas de sol dans un coin de chambre discrètement quand il était temps, pour mieux être là ensuite. Accueillir, permettre, transmettre l’éclairage pour qu’ils puissent prendre leurs propres décisions, celles qui leurs appartiennent à eux et leur faire confiance toujours, croire en eux sans relâche. Appuyer des mains pour soulager une intensité, caresser pour adoucir, masser pour détendre, déposer des mots pour conscientiser les peurs et les laisser aller, prendre du recul pour protéger l’espace, laisser l’évidence se faire, accueillir le silence et ouvrir ses bras au besoin, apprivoiser le passage pour le soutenir afin qu’ils se le permettent pleinement, faire des bouillottes régulièrement, préparer des bains, suspendre des rebozos, servir de l’eau pour hydrater, de la nourriture pour prendre de l’énergie dans tout ce travail intense que le corps met en branle pour que la vie jaillisse de cet organe sacré. Supporter leurs choix, permettre de voir le placenta, faire une empreinte placentaire, laisser le temps de réflexion, obtenir les réponses souhaitées par eux et pour eux. S’assurer que ce masculin protecteur soit toujours dans cette protection, en le protégeant lui aussi, en lui offrant son espace pour permettre sa vulnérabilité. Communiquer avec cette âme durant sa venue, afin de lui faciliter à elle aussi, l’incarnation dans son corps terrestre, matériel, et son expérience. L’aider à s’ancrer pour démarrer de bon train, cette famille et ces expériences qu’elle a choisies, faire le lien entre le Terre et le Ciel comme un bouleau dans sa forêt. Avoir une image qui se présente, ressentir que tout est beau, puis entendre une minute après que cette femme est complète et s’apprête à pousser. Comprendre à chaque fois, que tout est plus grand, que tout n’est pas visible, que tout ne doit pas se comprendre mais être vécu et ressenti. Que chaque personne a son rôle à jouer et se présente pour une raison. Le mien est de les accompagner eux mais aussi cette âme si brillante, pour leur faciliter leurs passages, selon ce qu’ils doivent vivre. Doula mais pas sauveuse. Doula facilitatrice. Doula du coeur. Doula accompagnante. Doula soutenante. Doula confiance. Doula amour Avec toujours, un pied dans le visible et un pied dans l’invisible. Un pied dans chaque monde pour voir avec le cœur, les yeux de l’âme. Et puis, après des larmes de joie, un bébé qui arrive cette journée enneigée, des bandages ventrales, une chambre post-accouchement prête pour accueillir la famille et les inviter au repos, des câlins, des mercis, une voiture à dégeler après une tempête de verglas, une auto-stoppeuse qui a sa mère sage-femme et sa sœur doula pour laquelle j’ai un élan et je m’arrête. Comprendre qu’elle est sûrement un ange parce qu’en lui parlant la fatigue est plus loin pour rentrer chez moi. La vie reprend son cours, le temps qui s’arrête coule à nouveau. Après deux jours sans rentrer auprès des miens, sans allaiter mon petit garçon, les seins bien remplis, le cœur aussi, je m’en vais vers eux les retrouver, fatiguée mais plein de choses merveilleuses à leur conter. Ma grande qui me pose ses questions, fait genre que je ne lui ai pas trop manqué avec un air adolescente bien trop précoce, me montre qu’elle se comporte comme une grande sœur auprès de son petit frère qu’elle aime tant comme pour me dire « Tu peux te le permettre maman, ne culpabilise pas, absente toi et accompagne-les ces familles » puis finalement relâcher elle aussi, sa vulnérabilité, le besoin de sa mère, nicher au creux de mes bras tel un petit opossum dans la poche de sa maman, redevenir la petite fille qu’elle est quand la nuit arrive et que les paupières s’apprêtent à se fermer pour laisser place à un jour nouveau. Retrouver mon amoureux, passer du temps avec lui, le remercier de tout son soutien, lui parler avec des pauses parce que mes yeux divaguent d’endormissement, entendre son émerveillement pour cette nouvelle naissance que j’ai accompagnée, puis coller les matelas, pour s’en aller dormir tous les quatre collés comme une famille de castors après cette absence déjà si longue pour tous et un monde déjà si différent de quand je suis partie. Aujourd’hui, une famille est née ♥️ Et j’ai eu l’honneur de l’accompagner. Tiffa, La Doula ❅ |
AuteurAccompagnante aux passages de vie passionnée, vous pouvez aussi me suivre sur les réseaux sociaux @Tiffa La Doula. Archives
Février 2024
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