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Parfois telle une perle précieuse à l’intérieur d’une huître, un petit œuf prend son envol dans un espace plus grand. Alors que consciemment, l’empreinte physique est remise à la Terre, l’Âme elle, prend son envol vers le ciel. Cette fois-ci, elle sera accompagnée d’un arbre significatif remémorant des souvenirs d’enfance. Comme si cela venait rappeler l’enfant intérieur de celle qui a logé chaleureusement ce magnifique petit œuf au sein de sa matrice. Iels ont été choisis comme passeur.se.s et ont souhaité s’offrir du sens dans ce vécu teinté de tristesse et de tabous pourtant existant. Iels ont souhaité se faire le cadeau de la conscience et de la reconnaissance en y mêlant de doux souvenirs tangibles tressés comme elle avait choisi de tresser un pain brioché en cette journée. Elle avait pris le temps de préparer la pâte à pain avant mon arrivée pour la mettre au four afin qu’elle puisse lever. Si l’expression « avoir un pain dans le four » vous parle, vous comprendrez l’analogie possible dans ce choix créatif en cette journée particulière. Car alors qu’elle avait inséré les médicaments qui activeraient son utérus pour la mise au Monde de cette perle de sept semaines, elle malaxait sa pâte puis la découpait pour la tresser. Au même moment qu’elle tressait, je tenais l’espace d’écoute pour voir ce qui s’y déposait. Les paroles et les histoires partagées parmi tant de possibles n’étaient jamais anodines. Je prenais des notes, nous rîames d’anecdotes rigolotes, retenions nos sourires de celles qui l’étaient moins et chaque instant j’ouvrais mon coeur et tous mes sens pour établir le dialogue utérin, ce langage subtile dont sa matrice utérine et sa petite perle faisaient part. Cela comptait beaucoup pour la suite de l’histoire, lorsque cet utérus contracterait et délivrerait ce sang en dehors du corps. Pour ce processus, je prenais toujours une intention particulière à prendre soin du cœur contractile aussi de ce partenaire. De ce qu’il devait lui aussi déposer ou entendre. Je savais aussi que le recul et la suite permettraient bien des compréhensions mais qu’en prenant soin du ici et maintenant, l’espace serait prêt pour pouvoir les réceptionner lorsqu’elles popperaient dans le corps, le coeur ou la tête, au volant de leur voiture, ou en faisant la cuisine des jours ou des mois plus tard et que cela faciliterait probablement les liens possibles. Elle finit de tresser les brioches pendant que nous graissions les parois des moules à pain au nombre de 3. 3 comme leurs 3 ans, comme eux 3 dans ce passage, un moule plus gros que les deux autres comme la grandeur de cette perle précieuse et de l’attention qui lui était portée en ce jour spécial. Graisser les parois du moules lui et moi alors qu’elle le remplirait du contenant brioché. Cela parlait de nos rôles, de la façon dont nous serions autour et sur les contours pour l’épauler dans l’épreuve physique qu'elle traverserait. Car si beaucoup appréhendaient les contractions de la vie, elle, c’était celles de la Mort. La Mort qui traverserait son corps et la ramènerait à la Vie car c’est ce à quoi souvent la Mort appelle. Se rappeler à la Vie dans une naissance d’eux-mêmes et de cette perle précieuse, telle une huître qui s’ouvre pour la libérer. Surtout lorsque nous savons comment l’huître fabrique sa perle, alors le message de cette Naissance peut éveiller de grandes clartés. Alors que les pains briochés levaient dans le four, je pensais à une femme que je suivais en accompagnement sur son chemin de fertilité, dont un rêve concernant le four et le fait d’y mettre quelque chose, avait été évocateur. Je lui parlais en plus quelques jours avant et je ne pouvais m’empêcher de penser à elle et de constater encore une fois les liens entre les accompagnements que je faisais. La sororité s’étendait bien au-delà d’un cercle, d’un lien connu entre deux utérus tel un lien adelphe ou amical.e. Nos utérus étaient en lien bien au-delà de tout principe logique prouvée par la science occidentale. Je prenais soin de lui demander ce qu’elle souhaitait manger. Cette fois encore, le goût de l’enfance dans les pâtes au beurre s’invita à table. Et soudain, les douleurs devinrent impossibles. Un bain relaxant aux chandelles plus tard, c’est dans son lit qu’elle voulait se glisser. Rappelez vous comme une doudou qui est la nôtre pouvait être réconfortante! (voir article ici) Rappelant une protection d’enfance lorsque nous nous sentions protégés sous notre couverture telle une armure infaillible contre les monstres, comme un câlin sécurisant par son poids et son odeur connue. Alors que nous nous dirigions dans sa chambre, elle dit cette phrase: “désolé je suis directive dans mes demandes” et moi de lui répondre “mais c’est tellement ça qu’il faut pour que l’on puisse te supporter comme il se doit et selon toi et tes besoins” Ah, ces apprentissages qui peuvent passer inaperçu dans une phrase qui peut avoir l’air anodine et qui pourtant permettent une réappropriation en dehors d’un système patriarcale où l'on a peur de déranger. Une naissance à la fois, une phrase à la fois, un enseignement à la fois. Cette perle avait décidément beaucoup à dire. Le matin même elle me demandait: ”ça t’es-tu arrivée toi qu’un gynéco te dise que t’es douillette pour tes douleurs de règles” Je vous épargne l’évidente réponse et vous comprendrez que cela parlait aussi de son vécu. Je lui montais de l’eau, chauffais un sac magique, pendant que Lui prenait soin en douceur jusqu'à monter le plat pour vomir et s’assurer que tout était bon pour elle puis resta à ses côtés. Sa présence lui était réconfortante. Elle nommait ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas, dans une caresse, un toucher, un point d'acupression, un endroit plus qu’un autre. C’était parfait. Cela me démontrait un signe de pleine confiance, de sécurité, me permettant d’ajuster mon accompagnement afin d’en revenir à Eux tout le temps. C’est maintenant lui que je questionnais verbalement dans cette intensité qui s’élevait de m’assurer qu’il allait bien alors que nous étions dans la cuisine. Je les laissais un instant ensemble, dans cette intimité de la naissance, de la mort, de la vie à son paroxysme. Puis, il descendit car elle souhaitait que je monte lui faire quelques points. Je montrais aussi à ce partenaire, des possibles selon ce qu’elle aimerait. Quelques points qui étaient confortables pour elle et des touchers énergétiques plus tard, entourée de sa douce moitié et apaisée de bienveillance, elle s’endormit comme si après la phase active, une quiétude se présentait avant d’émerger le sang et la perle précieuse de son corps. 45 minutes plus tard, je la retrouvais accroupie dans son lit, pleine de vitalité, disant “j’ai faim” et heureuse de sentir le sang qui coule comme une libération soudaine et réconciliante. Même tâcher son drap la faisait sourire, car cela était annonciateur de la Naissance. Après ces jours à savoir que cette grossesse ne pourrait pas aller au bout, à continuer de la porter en son sein et toutes les émotions traversées, elle allait pouvoir Mettre au Monde. Mettre au Monde les émotions, Elle-même, La Perle, Lui, Leur famille et l’Humanité. Car ces naissances dont on ne conte que si peu les récits sont pourtant un réel changement existant. Un avant et un après indéniable que cette Naissance soit vie ou soit Mort. Et cette femme et sa matrice utérine sacrée que nous oublions trop souvent d’honorer, permettra à cet homme sa mise au Monde grâce à Elle. C’est de son corps que naîtra le Précieux et ce sera à Lui de créer son expérience avec ce qui sera mise au Monde de Lui-même. -“Je te monte un plateau avec une part de brioche” lui demandais-je. -“Oh non, j’ai envie de me lever, d’aller manger en position de gravité et d’être en bas” -“D’accord.” Car il n’y avait rien d’autre à dire que de l’écouter elle et ses besoins. Je réchauffais alors de la tisane et Lui, lui tranchait la brioche. Ah intéressant, c’est lui qui avait pris soin de finir de surveiller la cuisson et qui avait sorti les pains briochés. Comme si chacun.e d’entre eux s'ajustaient à la même vibration pour la Mise au Monde, chacun sa main à la pâte au juste moment pour compléter le tout. Alors que les pains briochés avaient été sortis du four, le sang s’était mis à couler. Elle mangea et sa protection imbibée, elle dû aller se changer rapidement. Toute sourire, elle rappelait que même si elle était triste que cette grossesse n’est pas aboutie comme elle l’avait pensé, elle se sentait heureuse de pouvoir clore ce chapitre. Et elle avait tous les droits de le vivre ainsi, elle avait le droit de cette ambiguïté émotionnelle, de la tristesse et de la joie. Un premier caillot de sang attrapé dans ses mains, elle préparait son conjoint et sortait de la salle de bain avec le bol. Tous les trois observant pendant qu’elle fouillait délicatement pour observer son contenu et voir elle-même de ses yeux cette présence qui avait été jusque-là à l’intérieur, échographique, imaginée et pourtant belle et bien existante. Elle regardait ce qui émergeait de son intérieur vers l’extérieur comme elle regardait en elle profondément et se reliait à son corps intensément. Pour ma part, ce n’était pas ma première fois, j’étais habituée à voir des grossesses dont la naissance se faisait au premier trimestre de grossesse. J’étais la doula qui recevait ces étoiles en photos parfois la nuit, parfois au réveil, parfois la journée pendant l’épicerie, au parc, mais j’étais aussi celle qui les accompagnait dans ce passage en présentiel et regardait avec ceux que j’accompagnais sans tabous, sans jugements, sans dégoût. Parfois, plus difficile que d’autre, je dois le reconnaître mais chaque fois avec les yeux du cœur pour voir vraiment, au-delà de tout le plus possible et en revenir toujours à l’Amour et au sens que cela portait. En plus de faire face à la mort par mon travail, j’avais moi-même mis deux fois naissances librement précocement. J’avais tenu mes bébés dans mes mains avant de les remettre à la Terre, j’avais versé ce sang consciemment pour que mes menstruations gardent tout leur sens sacré lorsqu’elles reviendraient. Et pourtant à chaque fois, je suis toujours aussi étonnée car chaque fois c’était différent selon le stade, selon chaque raison de la mort, selon chaque histoire d’âme. Lui et moi nous étions parlés de ce à quoi pourrait ressembler le contenu, son aisance, et elle prit soin de lui redire. Il regarda, il su et il reconnut lui aussi. Car c’était la vie tout cela. Et la vie c’est pas toujours de jolies fleurs et des nuages roses. C’est parfois plus cru tel un embryon expulsé en dehors d’un corps. Mais plus nous nous rallions à cette réalité, plus cela était visible, honoré, accompagné dans la justesse de chacun.e. Car il n’y avait rien de sale, rien de dégueulasse comme certains pourraient le prétendre, il y avait la vie dans tout ce qu’elle est entièrement. Notre aisance à la mort et aux fluides corporels était plus que travaillée ici maintenant. Et on n’avait le droit aussi de ne pas être à l’aise, c’était aussi tout cela qui était permis dans cet espace de confiance et de non-jugement. Elle avait récupéré son sang et ses caillots empreints de la Perle Précieuse et souhaitait le remettre à la Terre et planter l’arbre. Il avait préalablement creusé le trou ce midi-là après que les pains briochés aient été enfournés. J’avais écris ce matin là dans mon petit carnet de notes: Pendant que brioche se tisse, Que trou se creuse, Les histoires se tissent, Les siennes à Elle, Les siennes à Lui, Des histoires passées, des ex et des apprentissages, des grands-mères, des familles. Des deuils, des souvenirs et de leur rencontre. Cette rencontre qui s'est tissée comme cette brioche dans cet espace d'accueil et de dépôt. Dans cet espace où nous sommes thanatonautes. Car il m’avait nommé ce matin en voyant mon livre de Bernard Werber, un autre livre qui me plairait probablement: Les Thanatonautes ou bien littéralement « navigateur de la mort » ou « explorateur de la mort. » Nous dirigeant vers le creux de l'arbre, nous nous apprêtions à planter l’arbre de fleurs. Un arbre dont les fleurs nous offre leur beauté seulement quelques semaines par années nous éveillant le printemps de son odeur suave et de ses couleurs douces à l’âme. Un arbre qui parle des premières émotions d’Amour. N'est-ce pas tant de sens, dans cette première grossesse éveillant aux sens de la parentalité dans sa réalité des plus nuancée et dans le cas de cette histoire à l’amour immédiat, cet amour d’un parent pour un enfant. Car même si il y avait un autre enfant plus tard, cette première histoire serait ce premier contact avec ces premières émotions d’amour parent enfant. C’est pourquoi tout ce rituel, cet accompagnement renvoyant à l’amour dans tous les possibles et sur-mesure de chaque accompagné.é faisait tant de sens. Magnifier le passage, le fleurir, avoir tout qui dit que c’est le bon moment, saisir le sens et l’occasion d’ouvrir son col dans cet espace d'ultra conscience pour libérer l'œuf telle une huître libérant la perle précieuse. Comme pour dire Oui au précieux, à la libération, au voyage, comme l’ovule qui voyage dans l’utérus, planter les prochains possibles. Et ce même jour, elle a retrouvé ses gants dans les poches de son imper dans le coffre de sa voiture. Cela parce qu’elle m’a prêté son autre imper comme il pleuvait. La voiture dans le rêve est si analogique, le coffre aussi et les gants en lien avec les mains que dire ! On connaît l’expression entre autres: Reprendre sa vie en main. Et puis Lui aussi de cette histoire qui est la leur a appris de lui aussi, d’Elle, de Eux. Il n’aimait pas attendre et pourtant là, sans contrôle du faire possible et dans l’Être entièrement, il n’avait pas d’autre choix, Quand le sang s’est mis à couler, l’entrée dans le vif a été révélatrice. Dans cet espace, d’attente qui a précédé, il fallait entendre. C’est de cela aussi que je prenais soin. Entendre ce qui est dit dans tout. Un choix de repas, une flamme de bougie qui s’allume puis s’éteint, une marmotte qui court, un pain brioché qui se tresse. Il fallait sentir. Sentir la lavande, la tisane, le chocolat, les nausées, le sang. Il fallait voir, goûter, toucher. Tout est dans tout, le sens dans les sens pour révéler l’essence de cette histoire. Tout peut se traduire, se dire, seulement, il faut s’y arrêter un instant. Un instant précieux comme une Perle dans une Huître qui se libère. *Tu vois des fautes d'orthographes? Chut, fais pas attention, maman allaitante de 3 enfants unschooling, j'écris avec une main et un sein sur mon clavier collant de bon lait parfois un peu trop tard le soir ! Je tiens à remercier Mélina, formatrice en avortement, fausse couche, deuil périnatal à Les Passeuses pour son soutien lors de cet accompagnement. Elle est une précieuse alliée et défenseuse de nos utérus et de leurs libertés: https://www.lespasseuses.ca/
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AuteurAccompagnante aux passages de vie passionnée, vous pouvez aussi me suivre sur les réseaux sociaux @Tiffa La Doula. Archives
October 2024
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