Elle avait peur de sa puissance. De celle que le patriarcat a demandé de taire. De celle qu’elle a tu pour être une petite fille sage. Elle avait confiance en son corps pour enfanter Mais elle avait peur de la puissance mammifère qu’elle avait tant cachée Elle savait que c’était si puissant que le libérer était trop effrayant. Elle avait même déconnecté de son rêve d’être artiste et de dessiner. Dessiner ses rêves, sa magie, dessiner dans cette connexion divine qu’elle ressentait lorsque son crayon partait. Sauf parfois en cachette pour elle-même quand c’était trop fort. Pourtant, elle allait enfanter. Et ces mois de vie en Elle décuplaient une puissance encore insoupçonnée. Mais dont Elle sentait l’effervescence qui bouillonnait. Comme si cela ne pouvait plus être retenu. Comme si le cadenas voulait céder à la cage qui l’avait enfermée. Cette vie en Elle lui offrait la possibilité d'un nouveau regard, d’une nouvelle perception. Et c’est là, depuis Elle-même, dans ce nouveau regard que j’allais l’accompagner. Accompagner ce qui devait être entendu. Car même son corps parlait, avec une douleur au dos. Celle de ses ailes de fées qui voulaient se déployer. Celle de ses ailes qui ne pouvaient plus s'empêcher de pousser. Car elle avait une grande connexion au Monde Végétal. Mais ça aussi elle l’avait tu des années, puisque cela pouvait paraître trop improbable. Pourtant, maintenant, elle s’entourait de personnes qui pouvaient l’entendre. L’entendre, la voir, la reconnaître et lui permettre de se refléter pour se voir. Car Être vu était une chose, mais Se Voir en était une autre. Alors, c’est ainsi que l’accompagnement se dessinait. Pour écrire son histoire à Elle. Son passage initiatique unique. Sur cette page blanche, nous avons utilisé sa propre passion pour le dessin. Afin que grâce au soutien de la visualisation, elle puisse aller connecter à cet espace en Elle. Afin qu’elle dépose sur cette feuille blanche, dont elle avait choisi la taille, la matière et les limites par sa forme, ses propres pacifications. Celle de la rencontre de la petite fille qu’elle avait été avec l’adulte qui est et apprend encore pour que fusionne ensemble de leurs savoirs un nouveau récit, un nouveau possible. Un récit pacifié. Je l’ai vu hésiter. Hésiter à saisir son crayon. Puis le tenir et partir. Partir du coeur, de son utérus, de son bébé, de son ego, partir de tout ce qu’elle était, car c’est Elle au complet qui était sacrée pour étaler ses couleurs, ses formes et mettre en empreinte ce qui avait habité la vision de cette rencontre entre la petite Elle et l’Adulte. Sais-tu ce qu’elle a dessiné? Un foulard. Un foulard rouge, rouge amour, rouge colère, rouge passion, rouge gêné, un foulard avec ses larmes, un foulard avec de la douceur rose. Un foulard en forme d’oiseau, libre au vent et accroché à une rose. Pas n’importe quelle rose, une rose sauvage du Bas du Fleuve. Elle avait dessiné ce foulard de son enfance qui était toujours sur sa tête, toujours bien apposé. Elle l’avait dessiné libéré de la contrainte d’un nœud, d’un ajustement sur une tête. Elle avait libéré sa propre tête, lâché ses cheveux, livrés à eux-mêmes et à l’air. Elle l’avait remis à ce foulard le poids des larmes, ainsi il a pu essuyer ce qui avait dû couler et les larmes avaient hydrater la rose. Une Rose bien fleurie et ses épines. Une rose avec une tige verte printanière. Elle avait accepté de renaître en acceptant toutes ses faces d’Elle-même. La puissance de toutes les émotions qui l’habitent, qui s’expriment. Elle avait accepté d’être cyclique, énergisée par les eaux du bas du fleuve et sa magie. Elle avait dessiné le Féminin Sauvage. Le féminin sauvage vivant, hydraté de ce qu’elle n’avait plus besoin de porter mais qu’Elle savait, avec une perception affinée, coeur éveillée, mental apaisé. Elle avait choisi de se déployer pour que ses ailes d’envergures puissent prendre leur place. Elle avait choisi de pouvoir parler aux plantes plutôt que de les entendre chuchoter en permanence, de laisser les papillons se poser sur Elle plutôt que de les chasser, de marcher pieds nus sur l’herbe plutôt qu’en bottillons à en avoir mal aux pieds. Elle s’était choisie Elle. et Elle savait qu’ainsi, Elle changerait le Monde à sa manière, libre comme l’air, sacrée comme jamais. Elle s’était souvenue de ce petit garçon qu’elle trouvait mignon à l’école primaire, et qui lui avait demandé: “pourquoi mets- tu toujours ce foulard sur ta tête?” Elle s’était sentie jugée et avec le recul elle a compris qu’il l’avait vu depuis toujours, et que ce ressenti expérimenté permettait 30 ans après qu’elle se rappelle à elle-même et qu’elle puisse se Voir depuis l’intérieur même de cet ancien reflet externe. Elle avait réconcilié la petite fille et l’adulte. Elle était devenue papillon. Elle était maintenant prête à plonger dans l’abandon de la Vie. La Vie qui oeuvre L’Expérience de vie qui se vit Car elle avait retrouvé sa propre Foi Pas de celle des dogmes religieux Pas de celle des carcans patriarcales De celle qui apporte la confiance et la sérénité Même quand l’air pouvait brassé Parce qu’elle avait vu au delà des Voiles Alors que bientôt elle laisserait couler ses flots À travers son corps pour œuvrer au service de la Vie. De la vie plus grande que Soi. Et puis cet enfant, était venu se présenter dans ses rêves, lui dire son prénom, lui dire enchantée, lui tenir la main et elle savait qu’elle avait eu accès à une Vérité en Elle. Car le Monde des Rêves apportait des réponses parfois inattendues mais incroyables. Et sa Doula savait qu’elle disait vrai, puisqu’elle était là pour ça. Être présente à ce qui Est. Accompagner la vie qui œuvre par elle-même. Comprendre que la sérénité, c’est pas de ne pas avoir peur, de ne jamais stresser, c’est d’avoir la Foi. *Tu vois des fautes d'orthographes? Chut, fais pas attention, j'écris avec une main et un bout de mon sein allaitant sur mon clavier collant de bon lait parfois un peu trop tard le soir !
Par ce/ceux que l’on touche et qui nous touche. Qui parfois n’est pas à nous, quand la sensibilité décuple les sens et vient nous prendre sans consentir concrètement mais conçoit autrement avec le possible existant et puis prendre conscience pour ajuster, parvenir à réaliser et pourquoi pas réguler. Touché.e par les larmes. Les larmes de joies ou de peines. La larme qui roule sur la joue et touche la peau devenue saline et la sentir s’amplifier de l’air qui vient changer sa température. Les larmes qui touchent au cœur de l’Être celui ou celle qui voit l’autre pleurer, déversant son flot liquide les remettant à plus grand que Soi. Touché.e par la cyclicité, la météo, ce qui ne se contrôle pas toujours. La cyclicité de mon Être intérieur, de mon corps, mes menstruations, de mes rêves en temps Kairos, de ceux en temps chronos, de ceux en temps jemenfoutiste. La cyclicité extérieure à moi, de ce qui ne m’appartient pas. Prendre compte de ce toucher existentiel depuis toujours en revenant à cet espace préconceptif de mon Être, puis cette vie intra-utérine. Depuis cet utérus parfois empreint de mes lignées et de son histoire. De ce qui sera empreint de la mienne. De cet utérus qui m’abrite et des émotions de Celle qui le loge en son corps. De tous celles et ceux qui ont été croisés pendant que j’étais dans ce ventre rondeur. Ceux et celles qui ont posé et déposé leurs mains sur Moi à travers Elle. Peut-être avec ou sans consentement, peut-être avec ou sans la conscience de l’importance du toucher et de ses mémoires. Touchée de ces lumières et sons qui variaient mais imaginative de cet extérieur terrien et de mes sens qui se décuplaient pendant ces mois où mon corps se fabriquait une multitude de cellules à la fois. Ces mois où je me matérialisais dans ce milieu aquatique, flottant mais préparant l’union de moi-même à la gravité terrestre qui ancrerait mon corps et mon esprit. Ces mois, où j'ai consenti à la Vie puisque je suis Vie. À me laisser toucher par les blessures et les joies que j’allais expérimenter comme humaine. Toucher le corps, toucher le cœur, toucher l’esprit. Touchée par le collectif ou l’individuel. Être touchée, me laisser toucher, toucher l’autre consciemment. Être libre du toucher. Libre sur le Territoire. Dans le mien d’abord, Celui du collectif, Libre dans mes limites, Libre dans mon lousse. Libre du toucher, Qu’il soit ou pas. Point. Toucher/ée par les mots, par l’amour, les déploiements, les regards profonds, les câlins. Toucher/ée du sens de la perception sur la notion de pacification. Touchée par mon amie, dans sa posture de Celle qui accompagne, Celle reliée à l’Esprit du Cheval, de Celle qui tient sa harde d’animaux majestueux et loin d’être petits de taille, elle pas si grande mais grande de son ampleur, de son coeur, de qui elle Est et d’ensemble faciliter un atelier pour déployer ce qui Est. Touchée de lier, de partager, de se laisser porter par ce qui doit se présenter. Touchée de Celles qui disent oui à cette journée, d'apposer un toucher distancé, énergétique, proximal, sécuritaire, éveillant les nuances du consentement au-delà du Oui verbal, dans le ressenti du corps, vibratoire, de l’autre, du vivant. Cette conscience que la proximité aux passages vie que sont la Mort et la Naissance m’a permis de déplier. Savoir que le toucher peut-être bien plus qu’une main apposée. Accéder à l’intérieur de l’autre, à quelque chose de plus grand. Faire offrande d’images, de mots, de ressentis, d’éveil, de possibles, d’Amour. Touchée physiquement, émotionnellement, intérieurement, extérieurement, par bien plus grand, par bien plus petit, par ce fil tissé qui se tisse, par le temps compté décompté. Touchée | Toucher Point. Journée de retraite cofacilitée avec ma chère Laetitia de Chemins de traverse et ses grands collègues les chevaux, moutons, âne sur sa Terre. Rencontre en soin énergétique conscient avec guidance disponible: www.tiffaladoula.com *Tu vois des fautes d'orthographes? Chut, fais pas attention, maman allaitante de 3 enfants unschooling, j'écris avec une main et un sein sur mon clavier collant de bon lait parfois un peu trop tard le soir !
Parfois telle une perle précieuse à l’intérieur d’une huître, un petit œuf prend son envol dans un espace plus grand. Alors que consciemment, l’empreinte physique est remise à la Terre, l’Âme elle, prend son envol vers le ciel. Cette fois-ci, elle sera accompagnée d’un arbre significatif remémorant des souvenirs d’enfance. Comme si cela venait rappeler l’enfant intérieur de celle qui a logé chaleureusement ce magnifique petit œuf au sein de sa matrice. Iels ont été choisis comme passeur.se.s et ont souhaité s’offrir du sens dans ce vécu teinté de tristesse et de tabous pourtant existant. Iels ont souhaité se faire le cadeau de la conscience et de la reconnaissance en y mêlant de doux souvenirs tangibles tressés comme elle avait choisi de tresser un pain brioché en cette journée. Elle avait pris le temps de préparer la pâte à pain avant mon arrivée pour la mettre au four afin qu’elle puisse lever. Si l’expression « avoir un pain dans le four » vous parle, vous comprendrez l’analogie possible dans ce choix créatif en cette journée particulière. Car alors qu’elle avait inséré les médicaments qui activeraient son utérus pour la mise au Monde de cette perle de sept semaines, elle malaxait sa pâte puis la découpait pour la tresser. Au même moment qu’elle tressait, je tenais l’espace d’écoute pour voir ce qui s’y déposait. Les paroles et les histoires partagées parmi tant de possibles n’étaient jamais anodines. Je prenais des notes, nous rîames d’anecdotes rigolotes, retenions nos sourires de celles qui l’étaient moins et chaque instant j’ouvrais mon coeur et tous mes sens pour établir le dialogue utérin, ce langage subtile dont sa matrice utérine et sa petite perle faisaient part. Cela comptait beaucoup pour la suite de l’histoire, lorsque cet utérus contracterait et délivrerait ce sang en dehors du corps. Pour ce processus, je prenais toujours une intention particulière à prendre soin du cœur contractile aussi de ce partenaire. De ce qu’il devait lui aussi déposer ou entendre. Je savais aussi que le recul et la suite permettraient bien des compréhensions mais qu’en prenant soin du ici et maintenant, l’espace serait prêt pour pouvoir les réceptionner lorsqu’elles popperaient dans le corps, le coeur ou la tête, au volant de leur voiture, ou en faisant la cuisine des jours ou des mois plus tard et que cela faciliterait probablement les liens possibles. Elle finit de tresser les brioches pendant que nous graissions les parois des moules à pain au nombre de 3. 3 comme leurs 3 ans, comme eux 3 dans ce passage, un moule plus gros que les deux autres comme la grandeur de cette perle précieuse et de l’attention qui lui était portée en ce jour spécial. Graisser les parois du moules lui et moi alors qu’elle le remplirait du contenant brioché. Cela parlait de nos rôles, de la façon dont nous serions autour et sur les contours pour l’épauler dans l’épreuve physique qu'elle traverserait. Car si beaucoup appréhendaient les contractions de la vie, elle, c’était celles de la Mort. La Mort qui traverserait son corps et la ramènerait à la Vie car c’est ce à quoi souvent la Mort appelle. Se rappeler à la Vie dans une naissance d’eux-mêmes et de cette perle précieuse, telle une huître qui s’ouvre pour la libérer. Surtout lorsque nous savons comment l’huître fabrique sa perle, alors le message de cette Naissance peut éveiller de grandes clartés. Alors que les pains briochés levaient dans le four, je pensais à une femme que je suivais en accompagnement sur son chemin de fertilité, dont un rêve concernant le four et le fait d’y mettre quelque chose, avait été évocateur. Je lui parlais en plus quelques jours avant et je ne pouvais m’empêcher de penser à elle et de constater encore une fois les liens entre les accompagnements que je faisais. La sororité s’étendait bien au-delà d’un cercle, d’un lien connu entre deux utérus tel un lien adelphe ou amical.e. Nos utérus étaient en lien bien au-delà de tout principe logique prouvée par la science occidentale. Je prenais soin de lui demander ce qu’elle souhaitait manger. Cette fois encore, le goût de l’enfance dans les pâtes au beurre s’invita à table. Et soudain, les douleurs devinrent impossibles. Un bain relaxant aux chandelles plus tard, c’est dans son lit qu’elle voulait se glisser. Rappelez vous comme une doudou qui est la nôtre pouvait être réconfortante! (voir article ici) Rappelant une protection d’enfance lorsque nous nous sentions protégés sous notre couverture telle une armure infaillible contre les monstres, comme un câlin sécurisant par son poids et son odeur connue. Alors que nous nous dirigions dans sa chambre, elle dit cette phrase: “désolé je suis directive dans mes demandes” et moi de lui répondre “mais c’est tellement ça qu’il faut pour que l’on puisse te supporter comme il se doit et selon toi et tes besoins” Ah, ces apprentissages qui peuvent passer inaperçu dans une phrase qui peut avoir l’air anodine et qui pourtant permettent une réappropriation en dehors d’un système patriarcale où l'on a peur de déranger. Une naissance à la fois, une phrase à la fois, un enseignement à la fois. Cette perle avait décidément beaucoup à dire. Le matin même elle me demandait: ”ça t’es-tu arrivée toi qu’un gynéco te dise que t’es douillette pour tes douleurs de règles” Je vous épargne l’évidente réponse et vous comprendrez que cela parlait aussi de son vécu. Je lui montais de l’eau, chauffais un sac magique, pendant que Lui prenait soin en douceur jusqu'à monter le plat pour vomir et s’assurer que tout était bon pour elle puis resta à ses côtés. Sa présence lui était réconfortante. Elle nommait ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas, dans une caresse, un toucher, un point d'acupression, un endroit plus qu’un autre. C’était parfait. Cela me démontrait un signe de pleine confiance, de sécurité, me permettant d’ajuster mon accompagnement afin d’en revenir à Eux tout le temps. C’est maintenant lui que je questionnais verbalement dans cette intensité qui s’élevait de m’assurer qu’il allait bien alors que nous étions dans la cuisine. Je les laissais un instant ensemble, dans cette intimité de la naissance, de la mort, de la vie à son paroxysme. Puis, il descendit car elle souhaitait que je monte lui faire quelques points. Je montrais aussi à ce partenaire, des possibles selon ce qu’elle aimerait. Quelques points qui étaient confortables pour elle et des touchers énergétiques plus tard, entourée de sa douce moitié et apaisée de bienveillance, elle s’endormit comme si après la phase active, une quiétude se présentait avant d’émerger le sang et la perle précieuse de son corps. 45 minutes plus tard, je la retrouvais accroupie dans son lit, pleine de vitalité, disant “j’ai faim” et heureuse de sentir le sang qui coule comme une libération soudaine et réconciliante. Même tâcher son drap la faisait sourire, car cela était annonciateur de la Naissance. Après ces jours à savoir que cette grossesse ne pourrait pas aller au bout, à continuer de la porter en son sein et toutes les émotions traversées, elle allait pouvoir Mettre au Monde. Mettre au Monde les émotions, Elle-même, La Perle, Lui, Leur famille et l’Humanité. Car ces naissances dont on ne conte que si peu les récits sont pourtant un réel changement existant. Un avant et un après indéniable que cette Naissance soit vie ou soit Mort. Et cette femme et sa matrice utérine sacrée que nous oublions trop souvent d’honorer, permettra à cet homme sa mise au Monde grâce à Elle. C’est de son corps que naîtra le Précieux et ce sera à Lui de créer son expérience avec ce qui sera mise au Monde de Lui-même. -“Je te monte un plateau avec une part de brioche” lui demandais-je. -“Oh non, j’ai envie de me lever, d’aller manger en position de gravité et d’être en bas” -“D’accord.” Car il n’y avait rien d’autre à dire que de l’écouter elle et ses besoins. Je réchauffais alors de la tisane et Lui, lui tranchait la brioche. Ah intéressant, c’est lui qui avait pris soin de finir de surveiller la cuisson et qui avait sorti les pains briochés. Comme si chacun.e d’entre eux s'ajustaient à la même vibration pour la Mise au Monde, chacun sa main à la pâte au juste moment pour compléter le tout. Alors que les pains briochés avaient été sortis du four, le sang s’était mis à couler. Elle mangea et sa protection imbibée, elle dû aller se changer rapidement. Toute sourire, elle rappelait que même si elle était triste que cette grossesse n’est pas aboutie comme elle l’avait pensé, elle se sentait heureuse de pouvoir clore ce chapitre. Et elle avait tous les droits de le vivre ainsi, elle avait le droit de cette ambiguïté émotionnelle, de la tristesse et de la joie. Un premier caillot de sang attrapé dans ses mains, elle préparait son conjoint et sortait de la salle de bain avec le bol. Tous les trois observant pendant qu’elle fouillait délicatement pour observer son contenu et voir elle-même de ses yeux cette présence qui avait été jusque-là à l’intérieur, échographique, imaginée et pourtant belle et bien existante. Elle regardait ce qui émergeait de son intérieur vers l’extérieur comme elle regardait en elle profondément et se reliait à son corps intensément. Pour ma part, ce n’était pas ma première fois, j’étais habituée à voir des grossesses dont la naissance se faisait au premier trimestre de grossesse. J’étais la doula qui recevait ces étoiles en photos parfois la nuit, parfois au réveil, parfois la journée pendant l’épicerie, au parc, mais j’étais aussi celle qui les accompagnait dans ce passage en présentiel et regardait avec ceux que j’accompagnais sans tabous, sans jugements, sans dégoût. Parfois, plus difficile que d’autre, je dois le reconnaître mais chaque fois avec les yeux du cœur pour voir vraiment, au-delà de tout le plus possible et en revenir toujours à l’Amour et au sens que cela portait. En plus de faire face à la mort par mon travail, j’avais moi-même mis deux fois naissances librement précocement. J’avais tenu mes bébés dans mes mains avant de les remettre à la Terre, j’avais versé ce sang consciemment pour que mes menstruations gardent tout leur sens sacré lorsqu’elles reviendraient. Et pourtant à chaque fois, je suis toujours aussi étonnée car chaque fois c’était différent selon le stade, selon chaque raison de la mort, selon chaque histoire d’âme. Lui et moi nous étions parlés de ce à quoi pourrait ressembler le contenu, son aisance, et elle prit soin de lui redire. Il regarda, il su et il reconnut lui aussi. Car c’était la vie tout cela. Et la vie c’est pas toujours de jolies fleurs et des nuages roses. C’est parfois plus cru tel un embryon expulsé en dehors d’un corps. Mais plus nous nous rallions à cette réalité, plus cela était visible, honoré, accompagné dans la justesse de chacun.e. Car il n’y avait rien de sale, rien de dégueulasse comme certains pourraient le prétendre, il y avait la vie dans tout ce qu’elle est entièrement. Notre aisance à la mort et aux fluides corporels était plus que travaillée ici maintenant. Et on n’avait le droit aussi de ne pas être à l’aise, c’était aussi tout cela qui était permis dans cet espace de confiance et de non-jugement. Elle avait récupéré son sang et ses caillots empreints de la Perle Précieuse et souhaitait le remettre à la Terre et planter l’arbre. Il avait préalablement creusé le trou ce midi-là après que les pains briochés aient été enfournés. J’avais écris ce matin là dans mon petit carnet de notes: Pendant que brioche se tisse, Que trou se creuse, Les histoires se tissent, Les siennes à Elle, Les siennes à Lui, Des histoires passées, des ex et des apprentissages, des grands-mères, des familles. Des deuils, des souvenirs et de leur rencontre. Cette rencontre qui s'est tissée comme cette brioche dans cet espace d'accueil et de dépôt. Dans cet espace où nous sommes thanatonautes. Car il m’avait nommé ce matin en voyant mon livre de Bernard Werber, un autre livre qui me plairait probablement: Les Thanatonautes ou bien littéralement « navigateur de la mort » ou « explorateur de la mort. » Nous dirigeant vers le creux de l'arbre, nous nous apprêtions à planter l’arbre de fleurs. Un arbre dont les fleurs nous offre leur beauté seulement quelques semaines par années nous éveillant le printemps de son odeur suave et de ses couleurs douces à l’âme. Un arbre qui parle des premières émotions d’Amour. N'est-ce pas tant de sens, dans cette première grossesse éveillant aux sens de la parentalité dans sa réalité des plus nuancée et dans le cas de cette histoire à l’amour immédiat, cet amour d’un parent pour un enfant. Car même si il y avait un autre enfant plus tard, cette première histoire serait ce premier contact avec ces premières émotions d’amour parent enfant. C’est pourquoi tout ce rituel, cet accompagnement renvoyant à l’amour dans tous les possibles et sur-mesure de chaque accompagné.é faisait tant de sens. Magnifier le passage, le fleurir, avoir tout qui dit que c’est le bon moment, saisir le sens et l’occasion d’ouvrir son col dans cet espace d'ultra conscience pour libérer l'œuf telle une huître libérant la perle précieuse. Comme pour dire Oui au précieux, à la libération, au voyage, comme l’ovule qui voyage dans l’utérus, planter les prochains possibles. Et ce même jour, elle a retrouvé ses gants dans les poches de son imper dans le coffre de sa voiture. Cela parce qu’elle m’a prêté son autre imper comme il pleuvait. La voiture dans le rêve est si analogique, le coffre aussi et les gants en lien avec les mains que dire ! On connaît l’expression entre autres: Reprendre sa vie en main. Et puis Lui aussi de cette histoire qui est la leur a appris de lui aussi, d’Elle, de Eux. Il n’aimait pas attendre et pourtant là, sans contrôle du faire possible et dans l’Être entièrement, il n’avait pas d’autre choix, Quand le sang s’est mis à couler, l’entrée dans le vif a été révélatrice. Dans cet espace, d’attente qui a précédé, il fallait entendre. C’est de cela aussi que je prenais soin. Entendre ce qui est dit dans tout. Un choix de repas, une flamme de bougie qui s’allume puis s’éteint, une marmotte qui court, un pain brioché qui se tresse. Il fallait sentir. Sentir la lavande, la tisane, le chocolat, les nausées, le sang. Il fallait voir, goûter, toucher. Tout est dans tout, le sens dans les sens pour révéler l’essence de cette histoire. Tout peut se traduire, se dire, seulement, il faut s’y arrêter un instant. Un instant précieux comme une Perle dans une Huître qui se libère. *Tu vois des fautes d'orthographes? Chut, fais pas attention, maman allaitante de 3 enfants unschooling, j'écris avec une main et un sein sur mon clavier collant de bon lait parfois un peu trop tard le soir ! Je tiens à remercier Mélina, formatrice en avortement, fausse couche, deuil périnatal à Les Passeuses pour son soutien lors de cet accompagnement. Elle est une précieuse alliée et défenseuse de nos utérus et de leurs libertés: https://www.lespasseuses.ca/
15 minutes, c'est le temps pile entre le moment où je suis entrée dans cette chambre et le moment où ce bébé a complètement émergé du corps de sa mère. Il était 15h quand elle m’a écrit après son rendez-vous médical. On lui avait mis un rendez-vous d'office pour un déclenchement le mardi d'après. Elle a dit non, mais on lui a dit oui. Bébé allait bien, Maman aussi. Le « terme » selon une date « prévue » d’accouchement n’était même pas encore là et pourtant, elle ressentait une pression d'enfanter maintenant pour ne pas être déclenchée. On s'en était parlé, elle savait, on a retissé le fil de l'histoire, les possibilités qu'elle pouvait rejoindre. Mais ce RDV était là, même annulé, la parole était posée en elle. "Faut que je t'accouche de ce bébé là!" lui a t'on-dit. Elle voulut alors monter et descendre l'escalier, manger de l'ananas, manger épicé, prendre des herbes, tenter des choses. Et je lui ai demandé: “Et te reposer? Penses-tu que regarder un film que tu aimes avec un repas qui te plaît, sous une doudou dans ton canapé, pourrait te faire du bien?” « Oh oui, je suis tellement fatiguée.» répondit-elle. Parfois, le simple fait de relâcher complètement dans un espace sécuritaire, sous sa doudou, dans un moment de plaisir pouvait permettre de dire oui complètement à l'ouverture. Ce corps regagnait en énergie. Le mental s’apaisait. La pression descendait. Et cette énergie gagnée était si précieuse pour enfanter. C’est ce que mon cœur soufflait, c’est ce que ma théorie pensait, mais qu’en était-il en vrai...? Pour elle? Son histoire? Qu’en était-il réellement dans son réel à elle ? Plus tard en soirée, elle m'a écrit. Elle s'était mis un bon film, se reposait et ça lui faisait tellement de bien. Je sentais à distance qu'elle se laissait porter par le flot de la détente. Mais même si je sentais, ce sont toujours elle et ses mots qui ont été la confirmation de ce qui était vraiment. Car elle savait. Elle savait ce qui serait bien pour elle, elle savait et moi je ne savais pas, je l'écoutais. Je pouvais suggérer, je pouvais penser, ressentir, mais c'est elle qui me dirait au final sa vérité et son réel. 22h et quelques. « ça contracte dans le dos pas mal mais ce n’est pas encore maintenant » m'écrit-elle. Aussitôt, je plongeais dans mon lit, Lionel m'accompagnant avec la sonothérapie pour m'endormir. C’est que mon cœur battait vite. Je ne compris pas pourquoi immédiatement mais grâce au son, je m'apaisais et m'endormis. 1h47 du matin, le téléphone sonna. C'est elle. C'est le temps. "Viens-t'en" qu'elle me dit. "J'arrive" lui répondis-je. À peine le temps de téter mon dernier, mes affaires déjà préparées, tout était déjà dans ma voiture. Je quittais les miens avec mon 18 mois en pleurs de « je veux maman, je veux téter ». Lionel le réconforta et quelques minutes plus tard, m'écrit avec attention qu'il s’était rendormi, de me laisser porter à mon tour et de ne porter que cet espace de doula pendant que lui prendrait soin du nôtre à la maisonnée. Dans mon véhicule, musique de réveil ambiançante, je comprenais soudainement les battements de mon cœur plus tôt dans la soirée. Je comprenais que je l'avais senti, cette enfant qui descendait dans le corps de sa mère. Je comprenais que nous étions déjà liées par cet espace de la naissance. J'ai bien pensé en roulant à 2h du matin, dans la brume et l'attention encore en éveil de ne pas frapper un animal alors que les cervidés étaient de sortie, que je ne serais pas à temps pour la naissance. Cela aurait été la première fois, mais je me ressaisis en sachant que le plan de l'entre Terre et Ciel dessinait bien au-dessus de moi le schéma de cette naissance. Après tout, j'étais liée à cet univers intangible et plus grand. Si je ne devais pas être là, c’est peut-être que ça devrait être ainsi. Confiance. Je savais que ma petite personne pouvait à distance accompagner l'espace ouvert de ce passage. Appeler ses maîtres d'incarnation, éveiller l'ancestralité, appeler la guidance pour que la fluidité de son arrivée se fasse dans cette conscience de l'invisible. Je pouvais prendre soin de cela, moi, la doula. Cela pouvait paraître si simple et pourtant combien de personne le considérait suffisamment dans toute la puissance de l'incarnation pour qu'un.e humain.e à la fois, le monde puisse incarner sa splendeur en lien avec le vivant. Finalement, je suis arrivée. Il était 2h45. Chaque minute me paraissait une éternité. Le grand tunnel blanc pandémique pour entrer à l'hosto, le questionnaire de l'infirmière à propos du virus, l'ascenseur pour monter. Il était 2h50, lorsque j'ai passé la porte. Immédiatement, j'ai compris qu'observée sous 5 paires de yeux dans cette grande lumière blanche provenant de néons, il fallait que nous puissions nous connecter rapidement. Le temps d’enlever mon manteau, poser mes affaires et installer 6 bougies pour rendre cette chambre un peu plus accueillante pour ce nouvel enfant venant à notre rencontre sur Terre, j'ai rapidement plongé mon regard en elle assez profond pour que son cœur le perçoive en quelques secondes. J'ai entendu le cœur de cette enfant depuis la veille comme si l'on m'avait mis un stéthoscope dans mes oreilles, mon regard avait dépassé le cœur de sa mère pour rejoindre aussi celui de cette merveille depuis bien plus longtemps déjà que je ne le savais moi-même. Puis, quelques secondes, des grognements soudain et une tête émergente plus tard… …il est 3h05 quand l'enfant vient au Monde. Constatant encore une fois, la beauté de la vie dans ce qu'elle est d'extraordinaire. La force, chaque fois, peu importe l'histoire dans toutes les nuances qu'elles peuvent avoir, et ce qu'elles révèlent tout le temps. La suite n'est pas aussi fleurie que ce début d'histoire. La violence obstétricale fait aussi partie de mon métier. Le savoir, le voir, ajuster ma posture, trop souvent... Ne pas devenir sauveuse, ne pas vouloir inconsciemment devenir l'héroïne de l'histoire même lorsqu'il s’agit d’être la première accompagnante. Accompagner dans la justesse parfois ambiguë et questionner comme les doulas savent souvent le faire dans leurs habilités de la relation humaine afin de naviguer entre posture de pouvoir et enfantement. Des enjeux, il y en a… Accueillir le placenta avec honneur, préciser d’attendre avant de l’emmener. Prendre le temps sacré d’une empreinte de cet organe magistral. Le remercier, lui apporter de la douceur, sentir la puissance de sa médecine, dire au revoir. Féliciter, câliner, prendre soin jusqu'à mettre les couches de post-partum près de la toilette, ranger les vêtements dans chaque tiroir, amener les collations à portée de main. Bref, prendre soin dans toutes les sphères du tangible et de l'intangible avant de quitter. Puis, il me fallait rentrer chez moi. 50 minutes de route au petit matin. Réfléchir encore dans les hormones de l'enfantement si je peux conduire selon mon état de fatigue. Juger que je peux rentrer, mais rester à l'écoute du moindre changement pour m'arrêter. Sleeping bag toujours prêt. Un café à l'ouverture du Tim pour la route retour. De la musique à fond pour évacuer et me maintenir éveillée. Arriver chez moi, souffler un grand coup, regarder la couleur du ciel, sentir la brume matinale, l’odeur de sa fraîcheur et de la terre humide, passer la porte, revêtir la maman que je suis, accueillir mon grand bébé qui finalement n'a pas tant dormi, être deux parents épuisés, couler un bain chaud au petit matin, réceptionner les deux plus jeunes pour un bonjour particulier au goût du au revoir avant un dodo bien souhaité! Se réveiller et se rappeler l’expérience, ces images, ces mots, ces ressentis, qui nous rentrent dans le corps et dans l'esprit. Les jours d'après seront encore porteurs de ce soin que je dois m’apporter comme doula, comme humaine, dans cet espace encore flottant. Des jours d’écoute attentive diurne et nocturne à travers mes rêves porteurs de messages pour cette initiation du corps et de l’esprit traversée. Des événements dont je suis témoin, parfois magiques, parfois traumatisants, parfois réveilleurs de mon histoire, de sa beauté comme de sa vulnérabilité. Des évènements parfois réconfortants, parfois douloureux. Parfois toutes ces nuances en même temps, parfois non. Mais toujours tous les possibles, chaque fois! Chaque naissance différente. Chaque histoire unique. Chaque fois initiatique. Chaque fois, mourir et renaître doula. Chaque fois! Et chaque fois encore, se déposer dedans, le temps d’un moment et retoucher la foi. Parfois immédiatement, parfois en quelques jours, bref. Chaque fois, la vie qui revient dans ses forces et ses convictions, la foi étincelante que chaque dose d’amour porté dans ce passage, avec conscience, un pied de chaque bord dans le visible et l’invisible, aura été semé dans le coeur de cet enfant dont le Monde est son futur. Et puis, il y a ce cadeau, ensuite, lorsque je revois les parents. Pas de matériel, loin de là. Le cadeau d'une histoire de naissance qui s’est écrite dans l’univers, où l'amour et la bienveillance se sont fait ressentir par une simple présence. Une présence du cœur et de l'être. Une présence rassurante, une présence qui croit, une présence qui soutient, une présence qui aime. Car à la suite de son histoire de naissance, elle les a entendu.e.s qui parlaient dans le couloir de l’hôpital, la journée de son enfantement, alors qu'assommée de questions sur sa situation monoparentale et administrative, elle voulait simplement se reposer. Iels disaient « Elle lui fait confiance, c'est pour cela qu'elle lui parle.» en parlant de moi, sa doula. Iels n'avaient pas compris que c'est moi qui lui faisait confiance et que de cet angle, la notion de la confiance n'était plus la même. Car ainsi, la confiance n’était pas dans un sens unique et autrement que dans un rapport de domination et de force. Cette confiance, c’est celle qui me permettait parfois sans échange verbal de poser ce geste. Ce geste qui pouvait faire la différence de ce nouveau récit inscrit dans notre Monde. La différence d’un regard profond, d’un verre d'eau, d’une lumière tamisée. La différence d’écouter, d’entendre et de croire dans la conscience de la vie. Cela n'était peut être qu'un détail pour vous mais pour moi ça voulait dire beaucoup. *Tu vois des fautes d'orthographes? Chut, fais pas attention, maman allaitante de 3 enfants unschooling, j'écris avec une main et un sein sur mon clavier collant de bon lait parfois un peu trop tard le soir !
|
AuteurAccompagnante aux passages de vie passionnée, vous pouvez aussi me suivre sur les réseaux sociaux @Tiffa La Doula. Archives
Septembre 2022
|